Michel KAZANSKI

Les plaques-boucles méditerranéennes des Ve-Vle siècles

L'étude des plaques-boucles méditerranéennes des Ve-VIe siècles est à peine amorcée (citons par exemple Werner J., 1958 et 1966 ; Ajbabin A., 1979 et 1990 ; Roth H., 1980 ; Buskariol F., 1985). Cependant ces travaux ont permis d'ores et déjà d'établir leurs traits principaux. Elles sont articulées, ont le plus souvent une boucle ovale et un ardillon massif ; la plaque est ovale, quadrangulaire ou semi-circulaire. Les contre-plaques et les plaques-appliques de ceinture sont quadrangulaires, ovales ou circulaires, souvent avec un décor cloisonné. Il est facile de remarquer que les mêmes traits caractérisent à cette époque les plaques-boucles de l'Europe mérovingienne, où la chronologie des ceintures est bien étudiée. Cela facilite d'ailleurs l'identification et la datation du matériel méditerranéen, découvert dans la plupart des cas hors d'ensemble clos.

Pourtant une systématisation des données concernant les découvertes méditerra¬ néennes des Ve-VIe siècles n'a jamais été, à notre connaissance, entreprise. Nous nous proposons ici d'examiner les plaques-boucles articulées et les plaques de garnitures de ceintures de la deuxième moitié du Ve et du VIe siècle, dont l'origine méditerranéenne (protobyzantine ou romaine occidentale) nous paraît prouvée par leur diffusion géogra¬ phique, telles que nous les connaissons à travers des publications et des collections de musées. Nous essayerons d'établir des groupes et des types d'objets et de préciser leur datation. Bien entendu, la classification et la chronologie que nous proposons ici sont provisoires ; elles seront certainement modifiées au cours d'études ultérieures. Nous ne prenons pas ici en compte les plaques-boucles et les garnitures de ceinture découvertes dans la zone méditeranéenne mais appartenant aux types européens communs. Nous ne prenons pas en compte non plus les grandes plaques-boucles du costume féminin d'origine germanique oriental. Ces plaques-boucles sont connues d'après les découvertes funéraires en Espagne, en Gaule méridionale, en Italie, dans les Balkans, sur le Danube, en Crimée et au Caucase du Nord. Il est bien possible que certaines ce ces pièces soient liées à une tradition non germanique (voir à ce propos Martin M., 1991) mais actuellement elles sont surtout représentées dans le contexte gothique.